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L’histoire de la Révolution française ? plus que jamais !

En tant qu’institution, l’Institut d’histoire de la Révolution française (IHRF) a cessé d’exister le 1er janvier dernier. Il est désormais intégré à l’Institut d’histoire moderne et contemporaine. Plusieurs historiens, dont Pierre Serna, dernier directeur de l’IHRF en date, et Jean-Clément Martin se sont inquiétés de son devenir et notamment de celui de sa riche bibliothèque.

On lira ci-dessous le communiqué rédigé par des membres du bureau de la SER.


Les menaces qui pèsent sur l’Institut d’Histoire de la Révolution française (Université Paris 1), fondé par Georges Lefebvre, ne peuvent laisser indifférent. Dans notre République, l’histoire de l’événement révolutionnaire conserve plus que jamais son actualité, et toute réorganisation des structures de la recherche doit prendre cela en compte. Il serait grave de mettre un point final à une aventure humaine et scientifique fondamentale, d’autant plus qu’il s’agit-là d’un chantier international, au sein duquel les historiens français ont un rôle majeur à jouer. Une disparition de l’IHRF serait d’autant plus tragique qu’elle interviendrait dans une période où la référence à la Révolution, comme moment fondateur de la République, a malheureusement perdu de sa force et de son évidence.

Au-delà, un rapprochement des structures scientifiques de l’ensemble du pays s’impose. L’IHRF travaille étroitement avec des centres universitaires de province (Clermont-Ferrand, Lille, Rennes, Rouen…) et de pays étrangers, sans que des liens institutionnels forts n’existent entre eux ; là aussi il y a priorité. La Société des études robespierristes (SER), fondée en 1907 et reconnue d’utilité publique, prendra sa part de responsabilité dans la recomposition des structures de la recherche. Par son ouverture à tous les amateurs d’Histoire, par sa capacité à rassembler la majorité des chercheurs étudiant la Révolution, en France et à l’étranger, la SER est depuis longtemps un lieu d’échanges, de propositions, de publications, qui a dépassé de loin son objectif initial d’édition des Œuvres de Robespierre et d’une revue internationale de référence, soutenue par le CNRS et le CNL : les Annales historiques de la Révolution française (AHRF A. Colin). Depuis plusieurs années, elle a multiplié les initiatives pour l’acquisition d’archives, l’animation de la vie scientifique, la commémoration de la République… Par son statut, elle peut fédérer et aider le grand public à réinvestir la Révolution française.

Un combat est à mener, régulièrement ; le combat en faveur de la recherche en histoire de la Révolution. Alors menons-le ! L’IHRF doit rester visible dans notre espace scientifique. Il faut procéder à un rapprochement des centres de recherches qui travaillent sur la Révolution, et renforcer leurs liens avec les universités étrangères. Les associations qui ancrent la mémoire de la Révolution dans l’Histoire, et particulièrement la SER, se doivent plus que jamais d’encourager la recherche, de rappeler la dimension civique de l’Histoire et de travailler à mieux faire connaître les racines de notre République.

Signataires:
Serge Aberdam, INRA, secrétaire général de la SER ; Michel Biard, Normandie Université, président de la SER ; Philippe Bourdin, Université Clermont-Ferrand II, ancien président de la SER ; Annie Crépin, Université d’Artois, rédactrice en chef des AHRF ; Jean-Numa Ducange, Normandie Université, membre du bureau de la SER ; Hervé Leuwers, Université Lille 3, directeur des AHRF.