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Danton. Le mythe et l’histoire

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Michel Biard et Hervé Leuwers (dir.), Danton. Le mythe et l’histoire, Paris, Armand Colin, 2016, 234 p., 24,90 €.

Extrait

Plus que d’autres, Danton suscite l’incertitude et le débat. Qui est-il vraiment ? Le courage incarné, l’homme de toutes les audaces, ou un pleutre se réfugiant à Arcis-sur-Aube au moindre danger ? Une sorte de brute épaisse et l’un des idéologues de « la Terreur », le ministre de la Justice responsable (à défaut d’en être coupable) des massacres de septembre 1792, le Conventionnel qui a réclamé et obtenu l’établissement d’un Tribunal criminel extraordinaire ensuite appelé Tribunal révolutionnaire (mars 1793), ou celui qui n’aurait pu imposer l’indulgence politique, « l’économie du sang des hommes » au moment où le couperet de la guillotine noircissait à l’envi l’image de la Révolution ? Un sincère républicain et l’un des fondateurs de la République, ou un corrompu dont le destin serait exemplaire de la difficulté à lier vertu et politique ?

Les historiens n’ont pas été les premiers à se poser ces questions. Dans ses Mémoires, le ministre de la Justice Garat reconnaît l’exceptionnelle importance de Danton, mais avoue s’être parfois interrogé sur sa personnalité et son parcours. A ses yeux, cependant, son tragique destin est à lui seul une réponse : « Je me sens pressé du besoin d’en parler [écrit-il], de dire à mes contemporains et à la postérité, ce que j’ai su et ce que j’ai vu d’un homme dont la vie et la mort occuperont l’histoire, et dont la vie serait peut-être éternellement un problème, si ce problème n’était résolu par sa mort . » Un mort rédemptrice, une mort-preuve, celle d’un martyr pris dans l’engrenage des luttes de factions ? Tous les hommes des années 1790 n’ont pas été de cet avis et quand, sous la Convention dite thermidorienne, les représentants du peuple entreprennent de réhabiliter la mémoire de 48 Conventionnels décédés de mort violente, ils évitent avec soin de retenir le nom de Danton. Unanimement, ils dénoncent la mise la mort des Girondins, comme celles de Desmoulins et de Philippeaux, mais pas celle du tribun et de plusieurs des Montagnards exécutés à ses côtés. Pourtant, il aurait pu lui aussi apparaître comme victime d’un Robespierre-dictateur, présenté comme le premier responsable de « la Terreur », d’autant que son exécution a été reprochée à l’Incorruptible le 9 thermidor («Le sang de Danton t’étouffe», lui lance l’un des Montagnards alors ligués pour le mettre à mort). A travers Danton, les membres de la Convention « thermidorienne » craignent-ils avant tout le souvenir des massacres de septembre, ou l’image du corrompu qui colle déjà à sa mémoire ?

Table des matières

Michel Biard et Hervé Leuwers – Introduction. Danton. Le mythe et l’histoire

Philippe Tessier. Un avocat aux Conseils du roi

Haim Burstin. Devenir révolutionnaire dans Paris

Raymonde Monnier. L’école révolutionnaire des Cordeliers

Côme Simien. Un ministre face aux massacres de septembre 1792

Laurent Brassart. Les équivoques d’un commissaire de la Convention en Belgique (décembre 1792‑mars 1793)

Bernard Gainot. Des mots pour dire la guerre et le territoire

Annie Jourdan. Terroriste avant‑la‑lettre ou terroriste à temps partiel ?

Anne de Mathan. Le chef d’un groupe indulgent ?

Richard Flamein. Un corrompu ?

Hervé Leuwers. Danton et Robespierre. Le duel réinventé

Michel Biard. « Tu montreras ma tête au peuple ; elle en vaut la peine

Philippe Bourdin. Danton dans l’ombre du théâtre

Alric Mabire. Une controverse historique : l’affrontement Aulard‑Mathiez

Annie Duprat et Pascal Dupuy. Danton l’Insaisissable. Images et mémoires

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